L’hellébore fétide

L’hellébore fétide (Helleborus foetidus L.) FR

Cette plante a la particularité de fleurir en hiver. Ses inflorescences vert clair et ses feuilles pédalées plus foncées se repèrent facilement en début d’année dans les sous-bois des Bois Chamblard.

La floraison hivernale pourrait sembler ne pas être très appropriée pour une plante dépendant des insectes pour sa pollinisation. Il y a cependant
quelques insectes qui sont actifs par beaux jours en cette période de l’année, des bourdons et des abeilles en particulier. En fleurissant avant la majorité des autres plantes à fleurs, l’hellébore fétide s’est créée un monopole d’exploitation de ces insectes. Une fleur peut rester ouverte près de 20 jours et comme seules quelques fleurs de l’inflorescence sont ouvertes en même temps, ceci assure une longue période de floraison (jusqu’à deux mois) permettant à la plante de profiter des insectes pollinisateurs lors des courtes fenêtres de conditions météorologiques favorables. La fleur de l’hellébore fétide a un calendrier de maturation très précis. La partie femelle (le pistil) est fonctionnelle avant la partie mâle (les étamines). A ce stade, la fleur ne peut être fécondée que par du pollen venant d’une autre fleur. Plus tard, la partie mâle parviendra à maturité et déposera son pollen sur l’insecte qui la visitera. Ce dernier, au gré de ses pérégrinations, ira féconder d’autres fleurs alentours.

Le décalage de maturation des parties mâle et femelle des fleurs de l’hellébore diminue les risques d’autopollinisation et donc de consanguinité.
La fleur de l’hellébore fétide attire les insectes en produisant un nectar riche en nutriment. Le nectar est synthétisé par des structures encerclant le pistil appelées nectaires qui sont en fait des pétales transformés. La partie extérieure de la fleur, la «cloche», n’est donc pas une corolle de pétales mais correspond au calice (formé de sépales). Une autre particularité intéressante de l’hellébore fétide est que ses graines sont très appréciées des
fourmis qui les ramènent jusqu’à leur fourmilière. Ce type de dissémination est appelé dispersion myrmécochorie. Les fourmis, très abondantes aux Bois Chamblard, contribuent donc à la bonne santé des populations d’hellébores sur le site.

Référence: Gérard Guillot (2019) Fleur d’hiver Espèces 31 68-70

L’hellébore fétide (pdf)